- https://www.humanite.fr/en-debat/lutte-contre-lantisemitisme/mise-au-point-a-propos-du-texte-de-tsedek-paru-dans-le-media-et-lhumanite
- https://antiracisme.frama.io/infos-2025/03/10/mise-au-point-a-propos-du-texte-de-tsedek-paru-dans-le-media-et-l-humanite.html
# Préambule
Cette tribune a été rédigée par Robert Hirsch, militant du RAAR, Brigitte Stora, docteure en psychanalyse et essayiste, Lorenzo Leschi, porte-parole du collectif GOLEM, Samuel Delor et Jonas Pardo, auteurs du Petit Manuel de Lutte contre l’antisémitisme.
Avec le soutien de:
- Claudie Bassi-Lederman, présidente de Mémoire des résistants juifs de la Main-d’œuvre immigrée,
- Christian Picquet, membre du comité exécutif national du PCF,
- Claude Sarcey, co-président de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’entraide
- et Bora Yilmaz, membre du conseil national du PCF :
"Devant les attaques ignominieuses dont ces derniers et leurs organisations font l’objet, nous nous portons solidaires de leur combat courageux contre l’antisémitisme d’où qu’il vienne."
Le groupe Tsedek a jugé bon de se plaindre auprès du Média et de l’Humanité d’une campagne "antisémite" déclenchée contre lui par… des Juifs, rebaptisés "sionistes" comme à une époque que l’on pensait révolue.
D’où la mise au point qui suit.
# Mise au point à propos du texte de Tsedek paru dans Le Média et l’Humanité
Nous sommes des militants de gauche engagés depuis longtemps dans ses combats.
Aussi, la dénonciation de nos noms et des différents mouvements dans lesquels nous nous retrouvons (Golem, JJR, RAAR) est scélérate et malhonnête.
Nous avons toujours affirmé la légitimité d’une critique, fut-elle radicale, de la politique israélienne. L’écrasement de Gaza et de ses habitants, l’occupation militaire et les implantations illégales font l’objet d’une condamnation sans appel de notre part.
Chacun peut vérifier nos positionnements.
**La seule vérité qui nous unit et nous désigne comme cibles par Tsedek c’est que nous n’entendons pas nous taire face au déferlement de haine antisémite**.
Nous dénonçons tous les discours qui criminalisent non seulement l’ensemble du peuple israélien, décrété coupable, mais également l’ensemble des Juifs, jugés complices.
Houria Bouteldja, l’alliée de #Tsedek, l’a clairement exprimé, déclarant à l’occasion de l’élection de Miss Provence qu’ "on ne peut pas être Israélien innocemment".
Sur le site de l’ #UJFP, son indéfectible partenaire, on peut lire que "L’étoile de David est devenue un symbole de suprématie et de fascisme"
Ainsi les kippas désigneraient les enfants juifs comme complices de la politique criminelle de l’État d’Israël.
Sans surprise, ces groupes ont régulièrement dénoncé la solidarité avec les Juifs, y compris face à l’assassinat de vieilles dames et d’enfants (Sarah Halimi, Mireille Knoll, Ilan Halimi, les enfants de Toulouse, etc.), comme relevant d’une "instrumentalisation".
Dans un étonnant sophisme, **ils ont aussi rendu coupables de ces meurtres, non leurs auteurs mais… la politique israélienne**.
**Non l’antisémitisme ce n’est pas "la faute des Juifs"**, pas plus que le racisme ne serait imputable à ceux qui le subissent, les militants antiracistes, féministes ont démenti cette affirmation réactionnaire qui vise à considérer que les opprimés sont coupables de leur propre malheur.
Nous ne considérons pas non plus l’antisémitisme comme un inéluctable dans le soutien aux Palestiniens.
C’est le contraire qui est vrai.
Ceux qui affirment sur un camion d’Urgence Palestine lors d’une manifestation récente : "Quel révolutionnaire n’a pas pleuré de joie le 7 octobre ?" sont les fossoyeurs et non les alliés du peuple palestinien.
L’antisémitisme a toujours été un poison pour la solidarité avec la cause palestinienne. Et un alibi pour l’extrême droite israélienne.
Les déclarations irresponsables de ces groupes, leur soutien affiché à ceux qui twittent des hommages à Nasrallah ou à Yaya Sinwar ou dénoncent les luttes des femmes iraniennes comme des "agents de l’impérialisme en guerre contre l’Iran", en font des adversaires politiques qui ont fait de la lutte pour l’émancipation leur principal ennemi.
L’ignominie a atteint un sommet lorsque, lors d’un colloque organisé avec l’UJFP (Union juive française pour la paix) qui visait à amalgamer le 80e anniversaire de la découverte/libération d’Auschwitz avec la situation à Gaza, Rony Brauman n’a pas hésité à déclarer "Gaza va supplanter Auschwitz dans ce qui relève de la métaphore de la cruauté absolue" et "La mémoire d’Auschwitz apparaît comme une espèce de crachat à la figure des Palestiniens".
Dans une tribune que nous avons signée, nous dénonçons ce révisionnisme scandaleux.
Les attaques contre la mémoire du génocide des Juif/ves, et la relativisation
de ce que fut le nazisme sont particulièrement dangereuses, à l’heure où l’extrême droite menace l’Europe avec le soutien d’Elon Musk, l’homme du salut nazi.
**L’irresponsabilité de cette comparaison devrait effrayer celles et ceux qui ne se résignent pas au pire**.
De surcroît, cette déclaration porte atteinte à la mémoire de la Shoah.
Celle-ci a largement nourri nos révoltes antifascistes.
Longtemps étouffée, elle a fini par émerger grâce aux militants juifs, mais aussi grâce à la gauche.
La considérer comme "un crachat aux visages des Palestiniens" est une distorsion de l’histoire et une blessure infligée aux Juifs et aux antifascistes.
Au contraire, nous pensons que cette mémoire protège toutes les victimes potentielles des fauteurs de haine fascistes.
Il nous semblait acquis qu’à gauche nous partagions des valeurs communes.
Parmi celles-ci, et non des moindres, il y a l’antifascisme.
Or c’est précisément l’antifascisme qui, dans tous les textes de la mouvance Tsedek-UJFP, est, avec les Juif/ves, régulièrement ciblé.
Peut-on sans honte établir un quelconque parallèle entre la résistance antinazie qui fonde notre identité commune de militants et de citoyens et l’apologie d’un mouvement fasciste comme le Hamas ?
Dans la "tribune ignoble" que le texte de Tsedek cite,la question est clairement posée :
Les militants de Tsedek sont bien peu représentatifs.
Car si nombre de Juifs en Israël et ailleurs désapprouvent Netanyahou et sa politique criminelle, ils sont bien peu à trouver des vertus au Hamas et au Hezbollah.
Très peu parmi les 14 millions qui peuplent la planète, considèrent le 7 octobre comme un acte de "résistance" ou voient une quelconque parenté entre Yahya Sinouar [chef armé de la branche du Hamas, architecte des massacres de civils israéliens perpétrés le 7 octobre 2023, mort en octobre] et Missak Manouchian".
L’UJRE, organisation juive progressiste et laïque communiste, s’est insurgée à juste titre, contre le soutien à "un groupe terroriste fasciste" et a considéré que la comparaison avec le groupe Manouchian et l’Affiche rouge relevait, en plus, d’un terrifiant confusionnisme et d’une insulte aux fusillés de 1944.
À travers les attaques et insultes dont Tsedek nous gratifie, c’est à l’antifascisme, à l’unité des antiracistes, ainsi qu’à l’internationalisme que ces groupes identitaires s’en prennent.
L’antisémitisme a toujours été l’arme du combat contre l’émancipation.
C’est pourquoi nous sommes attachés à le dénoncer, d’où qu’il vienne.
Il en va de l’honneur de la gauche et de ses valeurs.